La viabilité de Rabaska

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Piloté par le trio Enbridge, Gaz Métro et Gaz de France, le projet Rabaska compte s’approvisionner via Gazprom, le plus grand producteur de gaz naturel au monde.

Avec le conflit armé majeur qui se déroule présentement en Ossétie du Sud, province du nord de la Géorgie qui souhaite (avec raison) réintégrer le giron russe où les Ossétiens seraient (enfin) en sécurité, Stephen Harper doit choisir son camp, soit pro-États-Unis (dans ce cas-ci, l’agresseur qui a armé, formé et financé l’armée géorgienne, coupable de génocide contre les Ossétiens du Sud) ou pro-Russie (les « bons » dans cet horrible conflit, bien qu’ils aient « répondu » de manière disproportionnée à la provocation géorgienne). Ce n’est pas difficile de deviner que le Canada va se ranger derrière la première puissance militaire de la planète, surtout qu’il s’agit de son voisin immédiate.

Qu’est-ce que ce genre de fracture diplomatique annonce pour le futur de Rabaska? Rien de très bon, en fait.

Même si Gazprom ne menace pas ouvertement le Canada de couper court au contrat d’approvisionnement en gaz naturel de Rabaska, on voit à quel point ce projet rocambolesque repose sur une poudrière politique.

Rabaska place les Canadiens dans la délicate position de devoir continuer à appuyer les initiatives américaines tout en demeurant de bons amis des Russes — ce qui deviendra passablement compliqué si le bilan de plusieurs milliers de mort devait continuer de s’alourdir, en Ossétie du Sud.

Autrement dit, qu’importe la raison à l’origine du froid qui pourrait survenir, dans les relations diplomatiques Canada-Russie, Rabaska risque de perdre son approvisionnement… pour de bon.

Qu’on pense aux tensoins militaires accélérées par les installations de missiles (nucléaires?) à courte-portée, le long de la frontière russe (à l’est), aux conflits croissants à la frontière-nord de l’Afghanistan, des demandes de rétrocessions territoriales des Japonais (pour les îles Kouriles) ou même des échanges qui s’annoncent très musclés sur la souveraineté territoriale de l’Arctique, tous les dangers guettent la poursuite de nos bonnes relations avec la Russie.

Malgré l’évidence des nombreux écueils latents qui menaceraient la viabilité (et l’existence) de Rabaska, Jacques Lévesque, professeur en sciences politiques à l’université de Montréal, en entrevue à la chaîne Argent, a dit « Je ne pense pas que ce soit une menace » en parlant des effets de la guerre en Ossétie du Sud. Il a aussi noté que le Canada était un « petit joueur » mais tout n’est pas aussi simple, en diplomatie internationale.

À la lumière des nouveaux développements en Ossétie du Sud, il faudra voir si Rabaska demeure un investissement viable mais les contigent grandissant d’opposants seront ravis de constater que le très controversé projet d’usine toxique avoisinnant un milieu urbain pourrait imploser, faute d’une source d’approvisionnement fiable.

Ce serait un bon temps pour le gouvernement du Québec de se dissocier de Rabaska et de se concentrer sur ce qui compte vraiment pour notre avenir énergétique, soit les énergies renouvellables.

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