Revue des chefs de partis politiques fédéraux à quelques jours du scrutin 2019

2020
Chefs des partis politiques fédéraux au débat de Radio-Canada

Lancée par Justin Trudeau le mercredi, 11 septembre 2019, la campagne électorale fédérale doit durer très exactement 40 jours pour se terminer par le jour du scrutin, le lundi, 21 octobre 2019.

Débutée en douce, la campagne a encore du mal à soulever les passions d’une majorité de Canadiens et ce, à 6 jours du jour du scrutin.

Il y a eu beaucoup d’articles dans les médias sociaux et un déluge de commentaires couvrant le spectre complet des opinions politiques. Les autres médias aussi ont publié des contenus, incluant les débats des chefs à la télévision mais c’est vers le web que les électeurs canadiens se tournent pour explorer les enjeux de manière plus fine.

L’effet web

Juste avant de parler des chefs des principaux partis, juste mentionner que le web facilite parfois les débats mais pas toujours.

Alors que les enjeux peuvent y être débattus, en théorie, en pratique, c’est plus compliqué.

Les réseaux sociaux comme Facebook Instagram, Twitter et Pinterest ont déployé des mesures agressives de suppression des publications qui pourraient, selon eux et généralement sans appel, contrevenir à leurs « standards de la communauté ».

Ainsi, une publication plus sensible, aux yeux des modérateurs de ces réseaux sociaux sera sanctionnée et donc, retirée des flux. On voit donc qu’une part grandissante de nos échanges démocratiques canadiens est désormais entre les mains des dirigeants de firmes technos californiennes.

Google aussi a rejoint la chorale des censeurs.

Les opinions qui tranchet sont désormais pris pour cible et ça pose un très sérieux danger pour l’avenir de notre démocratie canadienne puisque ces plateformes ne permettent plus les débats ouverts.

Par conséquent, les débats continuent à avoir lieu mais ailleurs.

Les Canadiens sont débrouillards pour se faire entendre mais le danger, en limitant trop sévèrement les échanges dans ce que plusieurs assimilent à la sphère publique c’est que ces mêmes échanges vont avoir lieu ailleurs, loin de toute censure. Ça peut aider à éveiller des esprits ou à les radicaliser. C’est là un réel danger dont nous ne pouvons pas encore bien mesurer les conséquences.

Ainsi, cette campagne électorale fédérale qui se veut inclusive est en fait la plus non-inclusive de notre histoire récente.

Qu’importe votre allégeance politique, vous devriez prendre acte de cette dérive qui peut avoir pour effet de radicaliser les positions des individus et des groupes et donc, d’atteindre sérieusement à notre toute importante cohésion sociale.

C’est donc sur fond d’attaque contre nos libertés d’expression que les chefs de partis fédéraux se sont adressés aux Canadiens.

Il s’agit de:

  • Justin Trudeau, Parti libéral
  • Andrew Scheer, Parti conservateur
  • Maxime Bernier, Parti populaire
  • Yves-François Blanchet, Bloc québécois
  • Jagmeet Singh, Nouveau parti démocratique
  • Elizabeth May, Parti vert

À l’aube du choix des. Canadiens pour leurs représentants au sein de la 43 législature au Parlement, à Ottawa, voici ce qui ressort des positions des chefs.

Justin

Arborant son rôle de politicien davantage que celui de celui de champion des déguisements, pendant cette courte campagne électorale, le premier-ministre sortant réclame un second mandat mais bien que ses appuis demeurent importants dans les circonscriptions comptant de fortes proportions de populations immigrantes, ses appuis dans le reste du Canada semblent plus faible que jamais, incluant dans les Maritimes.

Son obsession maladive pour l’immigration sous toutes ses formes (qu’elle soit massive, illégale ou « irrégulière ») a polarisé les électeurs.

Également sujet de contention, les déficits records des dernières 4 années du règne de Trudeau vont affecter la qualité de vie des Canadiens pendant de nombreuses décennies et pourtant, Justin Trudeau défend son bilan, sans aucune gêne. Voilà de quoi provoquer la colère de millions de Canadiens qui savent compter. Et qui comprennent l’ampleur de la crise des déficits dans laquelle le premier-ministre sortant nous a sciemment plongé.

En tant que signataire du Pacte de Marrakech sur les migrations, le Canada risque de perdre encre plus de sa souveraineté décisionnelle, en matière d’immigration. En plus d’expédier plusieurs milliards à l’ONU à chaque année, Justin Trudeau a imposé la plupart des politiques de cette organisation pour laquelle aucun Canadien n’a jamais voté. Incluant la taxe sur le carbone qui continue de couter plus cher, année après année alors-même que la science est contradictoire, en matière de climat.

Il existe donc un noyau dur d’électeurs pro-Trudeau qui voteront pour lui, qu’importe ce qu’il advient, un peu comme si son élection, pour les membres de ces poches d’irréductibles libéraux avaient une motivation cachée derrière cette imperturbable allégeance. Encore un autre angle qui devrait préoccuper les Canadiens, particulièrement ceux qui, justement, ne votent pas libéral.

Sinon, Justin reste lui-même et promet 4 autres années avec exactement le même plan qu’au cours des 4 années qui viennent de passer. Ça devrait faire réfléchir tous les électeurs.

Andrew

Les conservateurs d’Andrew Scheer doivent trouver ça pénible de ne pas encore avoir pu dévoiler leur plateforme aux Canadiens.

Le chef a bien mentionné des engagements, ça et là, au fil de ses apparitions mais on est loin d’une réelle plateforme électorale. C’est comme si les Conservateurs n’étaient pas prêts pour la campagne. Même s’ils déclarent qu’ils l’étaient avant le jour 1.

Scheer a su conserver son calme lors des débats et a montré un semblant de montée d’émotions en échangeant avec Maxime Bernier, contre qui il a gagné la chefferie du PCC de justesse. Ça donne l’impression que Scheer n’aime toujours pas son ex-concurrent ç la tête du parti qu’il dirige, aujourd’hui.

L’action de Scheer promet de tourner autour du pétrole provenant des sables bitumineux albertains. S’il est élu, les Québécois devront engager à nouveau le combat contre le pipeline Énergie-Est qui promet de mettre en danger le fleuve St-Laurent, pour les décennies à venir, s’il devait être construit (de gré ou… de force).

Pour des millions de Québécois, c’est un argument assez fort pour éviter de voter conservateur. Exactement la même position chez Maxime Bernier alors là aussi, les mêmes appréhensions des électeurs québécois qui ont déjà dit non au pipeline le long du fleuve St-Laurent qui a besoin d’être protégé, pas mis en danger pour des intérêts de plus en plus difficile à justifier alors qu’un effort de transition énergétique vers des énergies renouvelables doit avoir lieu.

Pour gagner des votes en Alberta, cependant, c’est magique!

Précisons au passage que l’article 92(10) c) de la Constitution canadienne permet au fédéral d’imposer le projet de pipeline au Québec. Alors tous partis confondus, le fédéral peut imposer sa volonté pro-pipeline, s’il le désire.

Andrew Scheer veut continuer avec les mêmes niveaux d’immigration que Justin Trudeau, ce qui rend des millions de Canadiens très mal-à-l’aise, incluant chez les Conservateurs. Peut-être que Scheer articulerait les règles d’entrée différemment mais si c’est le cas, il cache bien sa stratégie, en ce moment car celle-ci semble être une simple continuité de l’approche Trudeau de faire entrer un maximum d’immigrants, qu’importe leur apport au Canada et qu’importe leur coût économique et social. Aucun pays au monde n’importe autant d’immigrants que le Canada, per capita et Scheer ne voit aucune raison de changer quoique ce soit à cette formule qui nous coûte collectivement plus de 40 milliards de dollars par année, selon l’Institut Fraser (une somme colossale qu’il faut emprunter sur le dos de nos enfants).

Autrement dit, les Conservateurs avancent peut-être prudemment pour ravir un maximum de circonscriptions « jouables » aux Libéraux mais des millions de Canadiens qui se disent conservateurs hésitent à les appuyer. Et c’est souvent vers le chef suivant qu’ils disent vouloir se tourner.

Maxime

Le Beauceron a réussi à créer un parti politique fédéral de toute pièce en environ 1 an, ce qui est un tour de force majeur.

Ajoutez à la création du parti l’arrivée de 315 candidats dans les 337 circonscriptions potentielles du Canada et l’exploit est encore plus remarquable. Les chiffres pourraient encore varier un peu mais c’est du jamais vu.

Maxime Bernier peut compter sur des dizaines de candidats de qualité qui s’expriment bien sur un vaste spectre de sujets pourtant toxiques dans les autres partis: les genres qui n’en finissent plus (avec les dérives que ça engendre, en ce moment), l’avortement (qui a besoin d’un réel débat de société, pour vrai) et l’immigration (qui a pour effet de faire payer aux Canadiens leur remplacement par des immigrants venus d’ailleurs et souvent en guerre contre les fondements du vivre-ensemble canadien… un non-sens profond mais continuellement balayé sous le tapis par Justin Trudeau qui empêche tout débat productif).

Ainsi, le Parti populaire du Canada qui, contrairement aux autres partis fédéraux a une plateforme cohérente avec ses prises de position publiques offre une réelle alternative aux vrais conservateurs qui veulent un retour à des politiques fédérales favorables aux Canadiens (et non à tous les non-Canadiens du monde… notamment via la saignée des milliards vers l’ONU).

Même s’il ne fait pas l’unanimité avec les dossiers de la gestion de l’offre (qu’il veut abolir afin d’ouvrir des possibilités d’exportation inédites aux producteurs laitiers du Québec et du Canada) et du pipeline de l’Alberta au Nouveau-Brunswick qui passerait par la vallée du St-Laurent, au Québec, Bernier parle vrai et les Canadiens qui veulent un retour aux valeurs conservatrices voient en lui une réponse à leurs aspirations.

Il y a le risque qu’il divise le vote conservateur ce qui aurait pour effet de faciliter l’élection des libéraux ou des néo-démocrates mais les électeurs qui ont compris le message de Maxime Bernier semblent déterminés à lui accorder leur confiance, le jour du scrutin.

Yves-François

Le Bloc québécois a répété sur toutes les tribunes qu’il voit aux intérêts des Québécois et pas à ceux des Canadiens.

Ce message résonne auprès des millions de Québécois qui ne croient pas au fédéralisme actuel, pour une variété de raisons, allant de la gestion ruineuse des finances, à Ottawa à la politique d’immigration hors-de-contrôle, incluant au chemin Roxham qui continue d’être une passoire pour migrants illégaux, à 6 jours du jour du scrutin (non, Justin Trudeau n’a absolument rien fait pour enrayer cette invasion illégale du Canada… un gros zéro, jusqu’à la fin, sur ce front, hélas).

La personnalité forte d’Yves-François Blanchet ne laisse pas les électeurs indifférents. Son historique de signataire de la bourse du carbone Québec-Californie, non-plus. Pour certains, il est un champion de la « lutte aux changements climatiques » et pour d’autres, il mange dans la main des stratèges politiques de l’ONU (qui influencent massivement les politiques de Justin Trudeau, aussi).

Alors pour plusieurs, cette proximité idéologique de mondialisme climatique d’Yves-François Blanchet avec le libéral Justin Trudeau provoque un inconfort.

Ceci dit, le chef bloquiste veut introduire une formule de partage interprovincial qui pénaliserait les pollueurs ce qui, au final, avantagerait le Québec qui peut compter sur ses barrages pour présenter un bilan environnemental avantageux. On devine que l’Alberta passerait à la caisse.

Les souverainistes ont beau vouloir quitter le Canada, plusieurs se demandent si l’élection du Bloc les rapproche vraiment de leur ambition. Certains croient que la réélection de Justin Trudeau serait une motivation encore plus puissante pour pousser les Québécois vers un désir de réelle souveraineté.

Pour l’heure, Yves-François Blanchet maintient un discours pro-Québec et pour certains, c’est suffisant pour lui accorder leur confiance… et leur vote.

Jagmeet

Se présentant comme un champion de la diversité, sur la même trajectoire idéologique que Justin Trudeau, Jagmeet Singh n’aime manifestement pas la loi 21 du gouvernement québécois majoritaire de François Legault.

Le chef néo-démocrate tergiverse entre neutralité et contestation de la loi 21, selon la tribune où il se trouve, ce qui nuit à sa crédibilité auprès des Québécois qui ont massivement appuyé cette loi.

Cependant, son opposition à la loi 21 qui balise le port de signes religieux par des personnes en position d’autorité, au Québec lui fait gagner des points auprès des électeurs qui combattent la laïcité, sous toutes ses formes, incluant la laïcité de l’État (provincial ou autre).

Le fait que Jagmeet semble incapable de respecter la décision des Québécois en matière de laïcité refroidit sérieusement les ardeurs de ses partisans, au Québec. Plus la campagne avance, plus son jupon anti-laïcité dépasse et ça augure mal pour les relations avec les provinces, dont le Québec.

Sur les autres enjeux, on croirait entendre Justin Trudeau avec qui il échange régulièrement des compliments. C’est comme si les deux chefs avaient les mêmes visées pro-ONU, pro-dépenses et pro-immigration massive.

Les électeurs libéraux ont donc le choix entre le PLC et le NPD pour satisfaire leurs désir de voir implémenter les différents agendas de l’ONU, au Canada.

Le chef du NPD se présente bien et il apparaît charismatique. Il faut cependant se demander si ce sera suffisant pour qu’il remporte ses élections.

Elizabeth

Les verts du Canada tentent encore une fois de conserver leur seul siège au Parlement. C’est louable mais clairement, le culte du chef est lourd à porter pour ce parti qui peine à donner plus de place à ses candidats.

Et c’est justement là le problème.

En explorant la liste des candidats du Parti vert, on fait de belles trouvailles. Des gens ordinaires avec des intérêts réels pour l’environnement et différentes saveurs de justice sociale.

Ceci dit, Elizabeth May prend toute la place, chez les verts.

Autant c’est grisant pour les partisans de Elizabeth, autant c’est mortel pour les candidats qui n’ont pas la visibilité dont ils auraient besoin pour s’imposer de manière sérieuse, dans leur circonscription.

Alors qu’importe les positions contre le pétrole de schiste en Alberta (dont elle pressent la fin pour 2030) ou ses accusations contre le peu de volonté environnementale de Justin Trudeau (avec raison, d’ailleurs), à force de concentrer son action de manière aussi importante sur l’environnement, elle prouve qu’elle a tout pour dénoncer des enjeux sensibles depuis l’opposition mais absolument pas l’infrastructure politique pour prendre et assumer le pouvoir. Ses promesses de dépenses (à quelques 60 milliards de dollars) font d’ailleurs sourciller des millions de Canadiens qui viennent de vivre 4 ans de déficit historiques avec Justin Trudeau et qui ne veulent probablement pas creuser le trou encore plus profond avec un agenda vert signé Elizabeth May.

Comme Justin, Jagmeet et Yves-François, Elizabeth crie à l’urgence climatique (annoncé unilatéralement par l’ONU). Et elle exige que les Canadiens s’endettent à un niveau sans précédent pour faire face à cette situation, même si le Canada n’émet qu’une minuscule fraction (environ 1,6%) des gaz à effet de serre, dans le monde.

C’est donc un agenda vert qui est empreint de bonnes intentions mais qui pourrait ruiner les Canadiens, au passage. Et ce, pendant que les plus grands pollueurs du monde (incluant la Chine et l’Inde) ne feront aucun effort.

Alors voilà, à vous de vous faire une tête par rapport à la formation politique qui présente le chef qui « vous parle » le plus.

Et surtout, prenez le temps de voter pour exercer votre droit démocratique.

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