Le prix de l’essence -vs- une banale « règle de trois »

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Pour quiconque a eu le plaisir de faire des exercices de mathématiques dans sa vie, la règle de trois, par sa simplicité et ses multiples applications pratiques demeure l’une des favorites du commun des mortels.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette règle de mathématique élémentaire, il s’agit d’utiliser trois variables pour trouver la valeur d’une quatrième.

Si l’on applique cette règle de trois au prix de l’essence à la pompe, il y a de quoi en perdre son latin!

Par exemple, on se rappellera qu’en juillet 2008, le baril de brut a atteint son sommet de 147$ le baril et aujourd’hui, il se transige à 55$ (toujours en référence au baril de Brent de la Mer du Nord).

En date du 27 juin dernier, très précisément, l’essence se vendait 1,454$ le litre. En date d’hier, l’essence (toujours chez Esso, à Charny), se vendait 92,4 cents mais bien que ce soit plus abordable que le sommet atteint en été, est-ce qu’il s’agit du « juste prix »?

Et bien, il semble que non puisqu’en appliquant la régle de trois, on devrait (en théorie, dans un contexte de « libre marché ») payer —tenez-vous bien— 54,4 cents!

Vous avez bien lu.

Nous devrions actuellement payer notre essence environ 38 cents de moins à la pompe que le prix actuel, fièrement affiché par les pétrolières, apparemment sans aucun scrupule.

En payant notre essence 41,12% trop cher, par rapport au prix qui devrait prévaloir dans une logique de « libre marché », les pétrolières nous prouvent que LEUR SYSTÈME ne fonctionne qu’à leur avantage.

Il se pourrait que les pétrolières blâment les raffineurs, comme Ultramar, qui profiteraient de ce spectaculaire écart entre le prix du baril de pétrole brut et le prix de l’essence à la pompe pour s’en mettre plein les poches mais l’écart est tellement grand que ça n’explique pas tout.

Même l’argument des « vieux inventaires d’essence raffinée non-vendue » ne tient pas parce que le roulement complet de l’inventaire d’essence raffinée se fait dans un délais de quelques jours et non plusieurs mois.

Ceux qui oseront blâmer le cours du dollar canadien, en montagnes russes depuis le sommet du cours du pétrole, en juillet, devront garder à l’esprit que le Canada est l’un des plus importants producteurs de pétrole brut au monde et ne devrait pas (en théorie) être trop affecté par le cours du huard.

Ceci dit, rappelons qu’au 27 juin 2008, le dollar canadien valait 0,99$US — autrement dit, on était à parité.

En date d’hier, le huard valait 0,81$US alors admettons que « les pauvres pétrolières » doivent payer un supplément lié à la « conversion de la devise » d’environ 19% pour acheter leur pétrole brut à l’étranger, ça signifierait qu’on devrait s’attendre à payer environ 10 cents de plus le litre, soit 0,647$ le litre… on est encore bien loin du prix d’hier qui s’établissait à 92,4 cents!

Admettons qu’on ajoute un autre montant approximatif de 10 cents le litre qui va au raffineur —qu’on nommera la taxe aléatoire directement liée à l’avarice— notre essence à la pompe devrait, malgré tout, nous revenir à seulement 75 cents le litre.

Ainsi, même en mettant les chiffres « au pire », on constate que les pétrolières nous « soulagent les poches » d’au moins 17,33 cents le litre, soit une « surprime » généralement injustifiable de 18,75% qui ira, selon toutes vraisemblance, remplir les coffres déjà pleins des pétrolières.

En prenant en compte le poids des taxes sur l’essence (trop élevées de l’avis de plusieurs), on arrive à peu de choses près au « prix de détail » ce qui relativise les choses mais quand même, on est en droit de se demander si l’on profite vraiment de la spectaculaire baisse du prix du baril de pétrole.

Lorsqu’on entend des citoyens blâmer les pétrolières de les voler au grand jour, force est d’admettre qu’ils semblent avoir raison — même s’il y a des bémols à considérer (surtout à cause des lourdes taxes gouvernementales à la pompe). Plusieurs citoyens se demandent alors comment une telle situation peut avoir cours dans le contexte d’un modèle économique basé sur le « libre marché« ?

Et bien, justement, il n’y pas grand chose de « libre » en ce qui concerne le marché du pétrole brut parce que la concurrence y est à toutes fins pratiques illusoire et les prix varient sans cesse au gré des caprices des spéculateurs (surtout basés à Londres).

Alors que les pétrolières grimpent leurs prix aussi haut que possible dès qu’un Irakien se foule une cheville à un kilomètre d’un puits d’extraction du pétrole, la descente vertigineuse du même baril de brut à 55$ n’arrive pas à les « forcer » à vendre leur essence au « juste prix » ce qui, bien entendu, fait l’objet de vifs débats.

Ce faisant, la classe moyenne continue de s’appauvrir en remplissant unilatéralement les poches des ultra-riches qui, eux, expédient (plus souvent qu’autrement) une large part (ou la totalité) de leurs profits vers une maison-mère étrangère ou vers des paradis fiscaux. La famille Irving, du Nouveau-Brunswick, a d’ailleurs un historique passablement honteux en matière d’évasion fiscale.

Que font les autorités gouvernementales pour nous protéger des ces pratiques?

Hélas, rien de bien convaincant…

La Régie de l’énergie se contente de compiler des informations sur les prix, ce qui ne sert finalement pas à faire fléchir les prix ou protéger les consommateurs. À la limite, ça cautionne les excès des pétrolières.

Du côté du Ministère des ressources naturelles, on se retrouve dans une « bizarre de situation ».

D’une part, on a Claude Béchard qui combat péniblement son cancer -mais- qui, probablement pour maintenir son salaire, insiste pour rester « ministre » désigné (en passant, on lui souhaite sincèrement de guérir car il ne mérite absolument pas ce qui lui arrive) mais de l’autre, on est « pris » avec Julie Boulet qui « assure » l’intérim et qui, semble-t-il, dirige plus souvent qu’autrement les opérations de ce gigantesque ministère depuis… son bureau aux transports!

Non, mais!

On prend vraiment les citoyens québécois pour des dindes — comme si la ministre des transports, la très controversée « Madame Full-PPP » Julie Boulet allait avoir le temps nécessaire, dans son agenda probablement surchargé (surtout en période de campagne électorale), pour défendre les contribuables contre ce qu’il convient de qualifier de « situation préoccupante » en ce qui a trait aux prix chargés à la pompe par les pétrolières (un oligopole tricoté serré, rappelons-le).

Alors voilà, une observation de plus concernant la situation dont les automobilistes et par extension, tous les citoyens, sont victimes lorsque les prix de l’essence montent vite et rescendent très, très lentement — en toute impunité et au grand jour, comme pour mieux se moquer des « clients » qui rêvent d’une alternative à leur actuelle dépendance « à la pompe ».

En tant que citoyen, vous devriez discuter de cette situation avec les candidats qui se présentent pour VOUS REPRÉSENTER à l’Assemblée nationale parce que jusqu’à présent, aucun parti ne peut se vanter d’avoir même tenté (de manière crédible) de défendre les automobilistes.

De votre côté, continuez à utiliser la règle de trois, au fil des jours, pour constater à quel point vous êtes insignifiants, aux yeux des pétrolières — disons que ça replace les choses dans leur contexte!

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