Les milliards de mètres cubes de GNL de Rabaska

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En lisant le « Natural Gas Market Review 2008« , certains chiffres m’ont frappé, concernant le projet Rabaska (à la page 246, notamment).

Le terminal méthanier qui doit entrer en opération en 2014 (ou un peu après) doit gérer quelques 5,2 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL), sur une base annuelle.

Essayez de vous imaginer un seul petit mètre cube.

Allez-y, c’est environ la taille de la table dans votre salle à manger quoiqu’un peu plus haut et plus large (peut-être un peu moins long) — alors, vous le voyez ce mètre cube?

Très bien.

Je prends pour acquis que vous voyez ce mètre cube (dans lequel on place du GNL, dans le cadre de notre exemple).

Maintenant, imaginez 100 mètres cubes.

C’est possible que ça ne rentre même pas dans votre maison (à moins qu’elle soit carrément immense, bien sûr).

Alors voilà.

Vous avez visualisé 1 mètre cube et maintenant, vous voyez 100 fois cette dimension… et c’est passablement contraignant.

Nous allons donc passer aux choses sérieuses.

Au lieu d’imaginer un seul mètre cube de GNL, allons-y plutôt avec un chiffre comme 1,000,000 (un million) de mètres cubes ce qui équivaut à (grosso-modo) à 10,000 fois l’espace contenu dans une grosse maison.

On s’entend que là, c’est gros.

Mais on ne s’arrête pas là.

On monte à 1,000,000,000 (un milliard) de mètres cubes de GNL. C’est 1,000,000 multiplié par 1,000,000.

Pour continuer avec notre exemple de la grosse maison, ça équivaut (à vue de nez) à quelques 10,000,000 (dix millions) de grosses maisons.

Ouch!

C’est plus de maisons que vous n’en verrez jamais… de toute votre vie!

Mais Rabaska a fixé son « quota » à 5,2 milliards de mètres cubes, soit 5,2 fois ce nombre alors pour donner la juste mesure du volume de GNL qui sera géré annuellement par ce port méthanier, sis en face de Québec, on parle d’environ l’équivalent, en termes de volume, de 52,000,000 (52 millions) de grosses maisons.

Prétendre que ce seront les « industries de la Rive-Sud » qui vont utiliser tout ce gaz naturel liquifié (qui brûlera, éventuellement, sous forme de gaz naturel) tient du délire!

Lorsqu’on repense à Jean Charest quand il disait que des entreprises de la Rive-Sud pourraient se chauffer à meilleur prix avec le gaz naturel que le mazout (qui coûte seulement 10% plus cher, en général), on voit qu’il avait une idée derrière la tête parce que lui, il les connaissait, ces chiffres-là.

Ça nous prendrait DES MILLIONS d’entreprises, à Lévis, pour utiliser UNE PETITE FRACTION du gaz naturel transité par Rabaska, si ces dernières devaient toutes utiliser ce gaz pour se chauffer (on se rappellera que l’hiver ne dure pas 12 mois, au Québec, en passant).

Autrement dit, c’est clair comme de l’eau de roche que Rabaska a été prévu, dès le début, pour être serti d’un pipeline.

Ah! Le voilà l’enjeu…

Le pipeline.

Le mot qui commence avec un « P » et que ni Rabaska, ni le BAPE, ni Jean Charest et ni ses accolytes comme Claude Béchard ne semblent pressés de promouvoir publiquement.

S’ils vont trop vite avec leur « Phase 2 » de Rabaska (i.e.: le pipeline), la population se braquera à coup sûr et là, c’est tout le projet qui pourait s’effondrer devant un raz-de-marée d’opposition populaire.

Pourquoi la population se rebellerait-elle contre un pipeline?

Et bien…

Pour commencer, ça sera inévitablement construit près des résidences ou encore, le long de terres agricoles où l’on produit la nourriture alors ça nous touchera, directement. Ensuite, partout où le pipeline passera, les terres seront saisies ou achetées à vil prix ce qui, dans les faits, dépossèdera DE FORCE d’honnêtes citoyens de LEURS parcelles de terrain. Il y a un torrent de raisons mais pour l’instant, celles-ci devraient suffire à illustrer le propos.

Et pendant ce temps-là, il y aura (encore) les pousseux de crayons sans gêne, sans vision et unilatéralement « vendus » au projet (en échange de faveurs reçues ou à venir, dans plusieurs cas) qui clâmeront à quel point c’est cool de laisser des compagnies étrangères venir prendre nos plus belles terres pour faire transiter LEUR gaz naturel.

Alors, quelqu’un veut-il tenter sa chance pour deviner où ira tout ce beau GNL russe (provenant de Gazprom, lorsqu’ils sont « de bonne humeur »)?

Quelqu’un?

J’attends vos réponses…

Sans grande surprise, le gaz naturel provenant de Rabaska ira, en bonne partie, aux… ÉTATS-UNIS!

Et oui, les amis.

Alors qu’au début, il était question de voir à l’autosuffisance énergétique des Québécois, le chat est enfin du sac et on les plus fûtés ont compris qu’on venait, via le BAPE, d’approuver une « Phase 1 » d’un projet bien plus gros qui comprend nécessairement la construction d’un pipeline… vers le Sud, loin, loin, loin… au Sud.

Peut-être que Jean Charest avait de bonnes raisons de nous forcer ce « projet » dans la gorge mais quelles sont-elles?

Sérieusement, qu’est-ce qu’on y gagne, nous, en tant que citoyens, dans ce projet-là?

Ah! Oui… les 60 emplois une fois le port méthanier terminé.

Sur 130-quelques milles de population à Lévis, on s’entend que ça ne va pas faire une grosse différence! Mais bon, c’est 60 emplois de plus, il faut le noter… même si on le fait avec un —gros— sourire en coin!

Alors voilà, en tant que citoyen, vous comprenez mieux ce à quoi ressemble, au pifomètre, un volume annuel de 5,2 milliards de mètres cubes de GNL. Tant mieux si ça nourrit votre réfléxion quant à la pertinence de cochonner notre environnement avec une poubelle toxique en échange de… pas grand chose, en fin de compte.

Pour les naïfs qui mentionnent les quelques 7 millions en revenus de taxes municipales par année, n’oubliez pas qu’une rumeur circule à l’effet que ça en coûterait quelques 20 millions par année pour mettre les services de la ville (pompiers, policiers et santé publique) à niveau pour desservir adéquatement (et selon les normes en vigueur) les installations de port méthanier… et la facture pourrait se corser avec un gigantesque pipeline qui sillonne notre territoire.

Autrement dit, informez-vous.

Cessez de prendre les communiqués de presse de Rabaska, du Parti libéral du Québec et des pro-GNL pour du « cash »!

Creusez et vous trouverez beaucoup d’information concernant le gaz naturel et vous en arriverez à la conclusion que l’humanité s’en va dans un mur si elle continue à produire son énergie en brûlant des combustibles fossiles non-renouvelables, polluants et disponibles en quantité limitée.

Notre civilisation doit voir plus loin que les combustibles toxiques, comme le gaz naturel (qui n’est évidemment PAS BON pour votre santé). Nous avons la chance de pouvoir construire des appareils de captation de l’énergie qui nous entourre (solaire, éolien, hydrolien et autres) alors il faut saisir cette occasion et cesser cette obstination à toujours revenir aux combustibles fossiles.

L’idée d’implanter un port méthanier aux proportions inquiétantes, à l’entrée de Québec, ne colle pas mais si vous ne dites rien, Jean Charest et ceux qu’il représentent gagneront… et vous, oui, vous, serez dans l’inconfortable position de devoir expliquer à vos enfants que vous avez été trop lâche (ou inconscient) pour défendre l’intégrité de leur patrimoine régional qui, désormais, enrichit des étrangers et… bien sûr, ne les oublions pas, 60-quelques employés du port méthanier.

C’est poche comme petit discours aux enfants.

Non?

Ce serait plus glorieux avec quelque chose comme « nous avons empêché une transnationale russe de venir souiller nos terres pour expédier du gaz naturel aux États-Unis, en nous compensant au minimum » et ça pourrait être bonifié de « nos entreprises ont installé des systèmes hybrides de panneaux solaires, d’éoliennes ultra-performantes et de systèmes de géothermie qui, une fois en opération, ne coûtent presque plus rien » ou quelque chose dans le genre.

La tyrannie (plus ou moins évidente) d’un gouvernement, ou d’un projet de port méthanier, par exemple, ne peut avoir lieu que si les citoyens —acceptent— de se faire marcher sur la tête et de se faire mettre des paroles dans la bouche, continuellement.

Ferez-vous partie de ceux qui auront protégé l’intégrité du pays qui reviendra, le temps venu, aux enfants -ou- aurez-vous liquidé, à vil prix, ce que nous avions de plus beau?

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