Utiliser la peur pour promouvoir un oléoduc

On le sait depuis toujours, les firmes de relations publiques ne reculent devant rien pour faire avancer les intérêts de leurs riches clients.

Dans le cas d’Edelman, la plus importante firme de relations publiques au monde qui servait son client TransCanada, dans le cadre de son projet d’oléoduc Énergie-Est, il n’en a pas été autrement.

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À la mi-novembre 2014, on apprenait qu’Edelman recommandait une stratégie particulière pour la « société distincte » du Québec en misant, entre autre, sur les peur entourant le transport pétrolier sur rail à la suite de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic afin de « vendre » le pipeline de 4,600 km destiné à transporter du pétrole de l’Alberta vers les Maritimes.

Et ça, c’était consigné dans des documents CONFIDENTIELS qui ont été obtenus par Greenpeace.

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En tant que citoyens québécois qui seraient appelés à cohabiter avec un oléoduc qui ne nous rapporte à peu près rien, c’est maintenant clair que TransCanada savait que nous dirions collectivement NON à son projet. En retenant les services d’Edelman, TransCanada laissait à des tiers le soin de concocter un « plan » pour enfoncer son oléoduc dans la gorge des Québécois, quitte à se servir de la peur pour les « convaincre ».

Les documents confidentiels obtenus par Greenpeace sont en anglais mais en traduisant un extrait de celui écrit entre mai et août 2014, on peut lire que « dans la foulée des évènements de Lac-Mégantic, une majorité de Québécois voit les oléoducs comme étant le premier mode de transport le plus sécuritaire pour le transport du pétrole » — quelle honte! Utiliser la mort horrible de dizaines de Québécois pour mousser un projet de transport de pétrole sale.

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Disons que juste pour ça, la fibre morale de TransCanada semble bien mince sinon, inexistante. Il est question de baser l’implantation d’une infrastructure industrielle particulièrement dangereuse et dévastatrice, au plan environnemental en faisant valoir qu’il peut y avoir encore pire!

Et ça continue…

Edelman recommande aussi à TransCanada de dénicher des alliés pour VENDRE À SA PLACE le projet d’oléoduc Énergie-Est via des lettres ouvertes dans les journaux. La firme de relations publiques précise sa stratégie en écrivant que « les universitaires sont particulièrement crédibles aux yeux des Québécois ».

Ayoye… comment détourner nos érudits au service d’une riche industrie ultra-polluante et NON-PROFITABLE pour le Québec, dites-vous?

Et bien, Edelman explique que pour RECRUTER des professeurs et des chercheurs, TransCanada pourrait inviter ceux-ci à son siège social de Calgary. Pour mettre en contexte cette troublante recommandation, précisons que TransCanada entretenait (au moment de la sortie du scandale) des discussions, depuis plusieurs semaines avec l’université du Québec à Rimouski (UQAR) et pourrait financer une chaire de recherche sur le St-Laurent axée sur l’étude du Béluga. Hallucinant! C’est comme si Monsanto voulait financer des recherches sur les semences biologiques… pour mieux « imposer » son alternative transgénique (les fameuses semences OGM)! Vraiment pas crédible. Un gros « show de boucane » inspiré par un plan machiavélique de relations publiques.

Mais pourquoi s’arrêter là?

Edelman mise également sur les élites locales en recommandant au PDG de TransCanada, Russell Girling, de rencontrer des « joueurs clés » comme l’ancien PM canadien Brian Mulroney, les maires Denis Coderre et Régis Labeaume, la femme d’affaires et épouse de Paul Desmarais fils, Hélène Desmarais ainsi que Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). Encore là, faire parler « les autres »!

Dans les documents confidentiels d’Edelman à l’intention de TransCanada, il est question de profiter du Grand Prix de Montréal pour « informer » ces « personnes d’influence » dans un cadre « moins formel ».

Parmi les autres personnes d’influence devant être courtisées, on retrouve…

À défaut d’attraper ces « personnes d’influence » au Grand Prix de Montréal, ces alternatives feront l’affaire…

  • Repas dans un grand restaurant comme Toqué!
  • Croisière sur le fleuve
  • Concert de l’Orchestre symphonique
  • Visite au Musée des beaux-arts

L’idée est de ne ménager aucun effort pour « informer » ces personnes afin que, dans un deuxième temps, elles paraissent plus familières par rapport au projet d’oléoduc Énergie-Est, peut-être même favorables.

Autre perle contenue dans ces documents confidentiels provenant d’Edelman et obtenus par Greenpeace, il y est question des journaliste québécois qui « sont friands de contenus facilement digestibles ». Qui plus est, Gesca et Transcontinental seraient les deux grands propriétaires de médias les plus favorables au projet d’oléoduc Énergie Est.

Sans surprise, TransCanada n’a pas perdu de temps à s’expliquer à propos de ces directives inconvenantes mais ont simplement déclaré, via un communiqué de presse, qu’elle n’a « pas appliqué toutes les recommandations proposées dans le document ».

Le strict minimum… comme dans le cas d’un déversement de pétrole sale dans le fleuve St-Laurent, peut-être?

Entre la manipulation, les demi-vérités et le flou informationnel émanant de TransCanada, les Québécois ont raison de se sentir floués.

Et ce, avant-même que le projet ne soit mis-en-branle.

Si le « dialogue » de TransCanada avec les Québécois commence aussi bas, pour ainsi dire, il ne faut pas penser que ça va s’améliorer au fil du temps, surtout si des « accidents » venaient à avoir lieu.

Pour l’heure, les Québécois ont raison de dire NON au projet d’oléoduc Énergie-Est et si l’on se fie à la quantité gênante de « stratégies » imaginées par Edelman pour faciliter les plans de TransCanada, ce n’est rien pour changer notre opinion.

Pourquoi voudrions-nous accueillir un pollueur et un manipulateur qui n’amène à peu près rien en matière d’enrichissement durable? Poser la question, c’est y répondre alors pour TransCanada au Québec avec son oléoduc pour le pétrole sale de l’Alberta, c’est NON!

 

Claude Gélinashttps://videos.claude.ca/
Passionné des communications numériques, du développement web, de l'infographie et des avancées technologiques, au sens large.

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