Monoparentalité pleine de défis

Les parents de jeunes enfants qui ont dû composer avec une séparation de couple ou un divorce savent que l’après-couple procure un peu plus de liberté mais dans la même mesure, les défis augmentent.

Le premier choc, après une rupture de couple avec enfants, c’est l’argent.

Tout à coup, la répartition de l’argent dans un nouveau contexte doit à la fois tenir compte de l’ancienne relation (soit via une saignée plus ou moins importante d’argent pour une « pension alimentaire » ou soit pour la réception de cette pension) et du nouveau cadre où finalement, tout coûte plus cher parce qu’il n’y a plus autant de « revenu familial » pour le payer.

Du loyer à l’auto, de la bouffe aux vêtements, la monoparentalité coince plusieurs individus dans une position financière plus fragile.

Les monoparentaux le savent et leurs enfants aussi.

Impossible de se soustraire à l’épouvantable drame financier où, dans la plupart des cas, il faut apprendre à vivre avec environ deux fois moins de revenu sans toutefois perdre la moitié de son « rythme de vie » mais au final, à moins d’un héritage ou d’un gros salaire non-grevé par une pension alimentaire ruineuse, les monoparentaux souffrent beaucoup, économiquement.

Les ex-conjoints se partagent habituellement la garde de leurs enfants et donc, en théorie, les dépenses devraient être moindres, ne serait-ce que pour la nourriture qui coûte moins cher lorsque les enfants ne sont pas là… mais ce n’est pas si simple.

Le logement, par exemple, ne peut pas être temporairement « contracté » à un 3 1/2 une semaine sur deux. Ça reste un 5 1/2 en tout temps parce que lorsque les enfants y sont, c’est la taille nécessaire pour accommoder leurs besoins en espace. Ainsi, les monoparentaux doivent payer pour un logement plus grand, aussi bien chez maman que chez papa et annuellement, ça coûte cher… c’est de l’argent qui ira dans les poches d’un tiers (un locateur, par exemple) au lieu d’aller dans le compte de banque des enfants. Voilà un exemple clair où les enfants sont perdants avec le modèle de la monoparentalité.

Même chose pour la voiture.

Il en faut une plus grande pour les enfants et leurs sacs, sans oublier les plus grosses épiceries qui doivent pouvoir entrer dans le coffre. Encore là, une dépense plus importante pour se déplacer sans nécessairement pouvoir compter sur un deuxième revenu (celui de l’ex, à l’époque) pour payer tout ça!

Et les vêtements? Les jouets? Les fournitures?

Dans un contexte de monoparentalité avec la garde partagée des enfants, chaque enfant a à peu près sa vie EN DOUBLE chez chacun de ses parents. Garde-robe pleine chez maman et même affaire chez papa. Oubliez ça l’enfant qui se promène avec sa valise, ça n’aurait aucun sens. Oui pour des accessoires ponctuels mais pas pour l’ensemble de la garde-robe.

Et comme on a quatre saisons très différentes, au Québec, les vêtements, les souliers, les accessoires, ça coûte ridiculement cher. Encore de l’argent qui va à des tiers et non aux enfants.

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Dans les faits, la monoparentalité complique l’enrichissement des unités familiales parce que pour un parent seul, tout devient plus compliqué, au plan financier mais aussi au plan logistique.

Au travail, des horaires plus souple doivent être négociés pour arriver à concilier la vie de famille avec la vie professionnelle. Certains patrons comprennent cette réalité et d’autres non.

Une mauvaise conciliation famille-travail peut d’ailleurs détruire à petit feu une unité familiale monoparentale puisque le parent s’épuise et les enfants, eux, continuent d’être aussi exigeants (en étant tout simplement des enfants qui veulent l’attention de leur seul et unique parent, en alternance selon les paramètres de la garde). Assez rapidement, le parent coincé dans un travail mal adapté à sa situation familiale et la pression constante de « tenir-maison » de manière irréprochable finit souvent par le « casser » et là, après les problèmes financiers et les cauchemars de logistique arrive une nébuleuse plus ou moins identifiée de problèmes de santé.

C’est une roue qui tourne contre le parent-seul, contre ses enfants et contre les intérêts premiers de l’unité familiale monoparentale.

Pire, si les deux parents séparés ou divorcés demeurent monoparentaux, il est possible qu’un ensemble similaire de problématiques affectent les deux unités familiales, en même temps!

Les enfants, dans ce contexte malsain, perdent une partie de leur qualité de vie aussi bien chez maman que chez papa. Une situation « perdante-perdante » pour des enfants qui, trop souvent, aimeraient que leurs parents reviennent ensemble.

Mais ça n’arrivera pas.

Divergences multiples, égo mal placé, mésententes et problèmes comportementaux font partie des excuses généralement invoquées pour justifier les séparations et les divorces.

Qui pourrait blâmer un ex-conjoint d’avoir préféré se séparer ou se divorcer que d’endurer une situation devenue intenable? À chacun ses justifications!

Le vrai drame, c’est pour les enfants qui deviennent, malgré eux, des victimes de cette rupture.

Les ex ne manquent pas d’arguments pour justifier leur départ d’une relation de couple qui a pourtant fonctionnée, en tout ou en partie, par le passé. C’est normal de vouloir terminer un segment de sa vie amoureuse pour mieux s’engager, plus tard. Le hic, c’est qu’entre l’intérêt du conjoint qui s’en va et l’intérêt de l’enfant qui aurait peut-être préféré rester dans l’unité familiale qui lui offre un accès plus régulier à ses deux parents, c’est rarement le choix de l’enfant qui l’emporte ou alors, pour une courte période avant d’en arriver à la séparation ou au divorce.

Malgré les meilleurs efforts des conjoints, il arrive que le couple soit irréconciliable.

Dans tous les cas, il est très difficile de se faire une tête à propos de la vie des autres parce que c’est bien trop complexe alors on ne peut que constater le proverbial état des lieux après la séparation ou le divorce.

Heureusement, de nombreux ex entretiennent de bonnes relations et alors, tout devient plus simple.

D’ailleurs, les ex demeureront un « couple-étendu » toute leur vie, à cause des enfants. Qu’ils rencontrent ou non une nouvelle flamme, ils seront toujours un parent pour leur(s) enfant(s). Aussi bien se faire à l’idée que l’ex est là pour rester parce qu’il y aura des échanges en permanence, pour  veiller au bien-être des enfants.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, la monoparentalité est un modèle familial plein de défis et il importe aux parents qui évoluent dans ce modèle de le mouler, autant que possible, à leur avantage en tenant toujours compte du meilleur intérêt des enfants, avant tout le reste.

Dans une certaine mesure, on fait sa propre chance mais au-delà des efforts individuels, notre société va devoir adapter ses règles pour faciliter la monoparentalité. Il en va de l’équilibre de vie aussi bien des parents que des enfants.

Claude Gélinashttps://videos.claude.ca/
Passionné des communications numériques, du développement web, de l'infographie et des avancées technologiques, au sens large.

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