Mourir par suicide, au Québec

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Suicide via une surdose de médicaments

Que ce soit dans un grand fracas ou sans faire de bruit, bon an mal an, c’est plus de milles Québécois qui se suicident, chaque année.

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a d’ailleurs publié un rapport intitulé « La mortalité par suicide, au Québec de 1981 à 2011 » (mis à jour en 2014) où des statistiques rappellent que notre province a un grave problème, avec le phénomène du suicide.

Vous pouvez lire le rapport intégralement, en format .pdf.

Voici un extrait pour vous mettre en contexte:

« En 2011, selon les données provisoires disponibles, 1 105 suicides ont été enregistrés au Québec. Ce nombre correspond à un taux ajusté de 13,7 suicides par 100 000 personnes. Bien que provisoire, les données pour l’année 2011 montrent que la baisse du taux de suicide amorcée au début des années 2000 se poursuit. Le taux ajusté de suicides estimé en 2011 ramènerait ainsi le risque de décès par suicide au niveau de ceux observés au Québec avant 1976. Les données provisoires de 2012 ne laissent pas entrevoir de changements majeurs du taux de suicide au Québec. Ainsi, pour l’année 2012, le nombre de suicides est estimé à 1 072.

Le nombre et le taux de suicide demeurent supérieurs chez les hommes comparativement à ceux des femmes. En 2011, le nombre de décès par suicide était de 852 chez les hommes et de 253 chez les femmes. Le taux ajusté de suicide était quant à lui de 21,3 décès par 100 000 personnes chez les hommes et de 6,2 décès par 100 000 personnes chez les femmes. Le risque de suicide était 3,4 fois plus élevé chez les hommes comparativement aux femmes.

Chez les hommes, pour la période de 2009 à 2011, le taux le plus élevé se retrouvait chez les 35-49 ans et le plus bas chez les adolescents (15-19 ans). Chez les femmes, le taux le plus élevé s’observait chez les 50-64 ans et le plus bas chez les adolescentes et les femmes de 65 ans et plus.

Pour la période 2009-2011, quatre régions sociosanitaires affichent un taux de suicide significativement plus élevé que pour le reste du Québec (Côte-Nord, Abitibi-Témiscamingue, Mauricie et Centre- du-Québec, Chaudière-Appalaches). Les régions de Montréal, Laval et de la Montérégie présentent pour leur part un taux significativement inférieur au reste du Québec.

Au niveau international, le taux de suicide des Québécois se situait au 10e rang parmi une sélection de 22 États membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), alors que celui des femmes se situait au 9e rang. »

On voit donc qu’il s’agit d’un problème réel et grave, comme nous le rappelle l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) qui expose la problématique en ce sens:

  • Chaque jour, 3 Québécois s’enlèvent la vie.
  • 80% des personnes décédés par suicide sont des hommes.
  • En 2011, ce sont 1105 personnes qui sont décédées par suicide sans compter ceux qui ont fait des tentatives.*

* Données provisoires 2011 du Bureau du coroner du Québec.

Pour ceux qui s’intéresse au sujet, voici des liens utiles pour mieux comprendre le phénomène du suicide, au Québec:

Pourquoi sommes-nous incapables de stopper toutes ces morts par suicide, au Québec? La question se pose et les réponses semblent n’amener que des solutions partielles.

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Serons-nous capables d’aider nos citoyens vulnérables à temps? Aurons-nous le courage de les aider plutôt que de les laisser mourir, dans la déchéance et l’indifférence?

C’est bien beau des « lignes d’aide » mais ce n’est pas de belles paroles qui vont payer le prochain mois de loyer.

Qui plus est, malgré tous les programmes sociaux qui s’adressent spécifiquement à ceux qui n’ont plus rien, on semble perdre de vue que ceux qui s’enlèvent la vie le font trop souvent pour des problèmes d’argent. Rien de si grave si on prend du recul mais dans notre société, ne plus avoir d’argent, c’est une sorte de condamnation à mort.

Pensez-y vous que les Québécois qui perdent tout, leur loyer, leur auto et l’essentiels de leurs possessions ont le goût de se faire regarder, à l’épicerie, lorsqu’ils iront acheter le strict minimum en égrainant leurs cennes? Probablement pas et cette épouvantable désolidarisation sociale (ou l’individualisme, à outrance) leur donnera l’idée d’en finir, pour mettre fin à leur douleur de vivre dans ce monde où certains ont tout et d’autres, moins chanceux, n’ont rien et trouvent le moyen de perdre l’absolu minimum qu’il leur reste.

Au plan humain, le manque d’argent est tellement dur et cruel que ça tue, bien plus qu’on ne le croit.

Les suicides, c’est une seule partie du problème parce que si l’on ajoute les tentatives de suicide, là, les chiffres augmentent en flèche. Ainsi, notre société ne fait pas son travail pour véritablement aider ceux qui sont dans le besoin. Elle les laisse aller jusqu’au bout de leurs dernières ressources et là, leur offre une perspective tellement minable que plusieurs préfèrent mettre un terme à leurs souffrances.

Est-ce que le suicide est une bonne chose?

Ça met fin aux souffrances d’un individu fragilisé par la vie mais créée de la souffrances chez ceux qui l’aimaient.

Du pour, du contre…

Qu’importe la raison du suicide, c’est toujours vu comme une sorte de gâchis. Certains voient ça comme une libération et d’autres, comme le début d’une nouvelle vague de souffrances pour ceux qui restent et qui regrettent la disparition trop hâtive d’un être aimé.

Si vous connaissez une personne qui a besoin d’aide, aidez-la. C’est à vous de déterminer le niveau d’aide que vous pouvez offrir mais si ce n’est pas assez, demandez à d’autres d’y participer. Ensemble, nous avons plus de chances de réussir. Dans la vie comme dans la lutte au suicide.

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Individuellement et collectivement, nous avons tous du sang sur les mains. Nous ne pouvons pas fermer les yeux ou minimiser la misère humaine de ceux qui souffrent et pourtant, nous le faisons tous.

La société québécoise doit être jugée dans la manière dont elle traite ses individus les plus vulnérables et en ce moment, le Québec a des croutes à manger.

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