Retour sur l’explosion chez Sunrise Propane à Toronto

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Il y a un an, jour pour jour, le 10 août 2008, un entrepôt de propane a pris feu, à Toronto et a explosé, enflammant du coup le ciel de la Ville reine où plusieurs résidents du secteur où s’est produite la catastrophe croyaient arrivée la fin du monde.

C’est dans un entrepôt de la société Sunrise Propane Industrial Gases qu’a eu lieu la gigantesque explosion qui avait des airs, vu de loin, d’une scène tirée tout droit de l’Apocalypse. Cette nuit-là, des millions de Torontois ont compris que du propane, ce n’est pas toujours sage — ça peut se transformer, en une fraction de seconde, en une force destructrice qui défie l’imagination.

Depuis l’année dernière, la vie a repris son cours normal pour la plupart des citoyens du secteur. Certaines leçons ont même été apprises mais malgré tout, de nombreuses questions demeurent sans réponses.

Les Torontois ne savent toujours pas ce qui s’est passé. Ils veulent voir des gens traduits en justice parce que ça n’a pas encore eu lieu.

Harvin Pitch est responsable d’un recours collectif représentant 10,000 résidents du quartier où s’est produite l’explosion. En entrevue à la Presse canadienne, il a expliqué que la majorité des sinistrés ont récupéré [moralement] et leurs domiciles ont été rénovés mais une minorité des sinistrés sont cependant toujours évacués et si certains sont de retour à la maison, ils doivent toujours vivre avec le traumatisme de l’événement. » — pensez-vous que ce serait mieux avec Rabaska après une explosion de leur futur terminal méthanier, au hazard du « évènement hors de leur contrôle »?

Je prends le temps de parler de cette nouvelle ici, à Lévis, parce que si Rabaska voit le jour, ce qui s’est passé à Toronto pourrait se produire dans notre coin de pays et vu la taille du terminal méthanier projeté, ça pourrait être jusqu’à des centaines de fois plus catastrophique.

Après un an, l’enquête pour comprendre ce qui a bien pu se produire chez Sunrise Propane est toujours en cours. Le Bureau du commissaire des incendies de l’Ontario enquête d’ailleurs toujours sur cet incident et n’a pas diffusé le rapport sur les causes de l’explosion.

Les efforts de nettoyage ont été élargis à 580 propriétés privées et ont coûté à la ville de Toronto quelques 1,8M$ dont la moitié a été versée par le gouvernement provincial. Ce serait probablement le même niveau de « générosité » qu’on observerait de la part de Rabaska et ça, en dépit de leurs beaux discours miéleux.

Même si la société Sunrise Propane Industrial Gases a perdu son permis d’exploitation plus tôt cette année, le ministère du Travail ontarien n’a déposé que deux chefs d’accusation en vertu de la loi sur la santé et la sécurité au travail, la semaine dernière. Si l’entreprise est trouvée coupable, elle pourrait devoir débourser jusqu’à 500k$ par chef d’accusation — des pécadilles!

Et le pire dans tout ça? Le gouvernement avait été averti, par les résidents du secteur où se trouvait Sunrise Propane, qu’un accident allait se produire si les autorités censées surveiller ces installations industrielles n’écoutaient pas leurs doléances et n’intervenait pas dans le dossier. Aucun suivi n’a eu lieu suite aux plaintes des citoyens et l’explosion est survenue…

Bien sûr, après le fait, les autorités se sont activées.

La réponse politique a été immédiate après l’explosion et des vérifications ont alors été effectuées auprès des grandes et petites raffineries ontariennes. Plusieurs manquements ont alors été découverts au sein des grandes entreprises pouvant représenter un danger immédiat et ont été corrigées.

D’ailleurs, lors de la deuxième vague de vérifications, 35 des 1,500 petites raffineries représentaient un danger imminent et plus de 800 d’entre elles ne répondaient tout simplement pas aux normes. Rien pour rassurer nos amis ontariens!

En novembre 2008, une quarantaine de recommandations d’experts indépendants sur les carburants volatils ont été faites au gouvernement afin d’améliorer la sécurité. Depuis, c’est le calme plat — et les citoyens de Toronto constatent qu’ils ne sont —encore— qu’à une gaffe près de revivre une drame semblable.

Certains partisans du port méthanier Rabaska sont tellement obsédés par l’argent qu’ils en viennent à oublier la nature même du gaz naturel qui doit y transiter. Lorsque ces champions du « développement économique » ouvrent la bouche, la prudence et le sens commun se taisent tellement leur avarice prend toute la place.

En tant que citoyens responsables, il faut savoir dire non.

Non à Rabaska, c’est un « oui » bien senti à l’agriculture biologique, à la vie rurale et à l’agro-tourisme qui nous enrichit sans transformer une immense tourbière vieille de plusieurs millénaires (La Martinière) en véritable poubelle toxique.

Ce qui s’est passé à Toronto peut arriver partout où des gaz comme le propane se trouvent mais si nous laissons Rabaska voir le jour, c’est à Lévis que ça pourrait se produire et ça, c’est inadmissible. Il y a des limites aux histoires de développement économique.

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